Le Vieux Châtaigner Tout Troué
Dans le fond de la rouère
Vit une châtaigner-grand-mère,
Solide, grande, imposante.
Au milieu de son tronc une béance,
Comme une porte d’entrée…
(Une façon de nous inviter??)
Sa peau, ici ridée, là dénudée,
Est marquée
Par l’histoire de sa vie.
Ouvrant grand et haut ses branches-bras,
Elle offre trous, cavités et fissures,
Ses intimes blessures,
À toutes sortes de créatures
En recherche d’abri…
Pour la soutenir, l’ingénieuse a fait pousser
De son côté un jeune tronc élancé
Qui s’écarte en deux bras
Pour enserrer sa taille.
Étrange et attendrissant,
Ce vieux tronc ravagé par le temps
Et cette branche-enfant
Toute en robustesse et jeunesse!
Mon oeil est attiré par un détail:
Une étrange boule sur son flanc…
Malicieusement une pierre ronde est venue se loger,
Comme par mimétisme, à son pied.
Ce bel arbre majestueux
Qui domine la forêt
Y exhale sa générosité.
En cet après-midi pluvieux,
Debout sous cette présence vibrante,
Je m’imprégnais de sa maternelle sagesse
Et j’ai senti ses bras s’allonger
Pour venir m’enlacer,
Pleins de tendresse…
(Gratitude pour ce bain de forêt avec Eléna, juin-juillet 2022, qui a fait naître l’envie d’écrire ce poème sur le châtaigner de la rouère)